Par Alain Lefebvre
L’auteur de « After Woodstock », Howard Reiss, est issu de la génération du Baby-Boom. En effet, Howard a gradué de l’école secondaire en 1969, quelques semaines à peine avant le légendaire festival de Woodstock qui s’est tenu cet été-là à Bethel (White Lake), une toute petite ville nichée dans les montagnes Catkills dans le nord de l’état de New York, et qui demeurera à jamais comme le pinacle de la contre-culture hippie et de la génération « peace & love des années 1960. Un événement artistique et sociétal majeur qui a frappé autant par sa démesure que son succès et sa candeur qui ont révélé à la face du monde de nouvelles valeurs, de nouveaux courants de pensée, ainsi qu’un mode de vie qui se trouvait à ce moment-là à des années lumières des valeurs des générations précédentes, et qui ont eu sur ces dernières l’effet d’un véritable électrochoc. Il n’est pas difficile en sachant cela de penser que ces « trois jours de paix et de musique » aient fait une profonde impression sur ceux qui y ont assisté et qui, même pour d’autres, aient pour conséquence de complètement changer leurs vies.
C’est un peu la prémisse du nouveau livre d’Howard, son 14ième, car après l’été 1969 Howard est allé étudier aux prestigieux Dartmouth College de Hanover dans l’État du New Hampshire, puis à la Columbia Law School de Manhattan (New York) dans lesquelles il a été diplômé de ces deux universités privées du nord-est des Etats-Unis qui font partie de la fameuse « Ivy League » et de l’establishment américain. Par contre, par la suite et ce qui n’est pas peu banal, c’est que le futur auteur a fondé une soupe populaire dans sa ville de Nyack dans l’état de New York où il réside depuis.
Sachant cela, nous pouvons être à peu près sûrs que ces deux expériences de vie diamétralement opposées (le monde des affaires et le « communautaire ») ont inspiré son « After Woodstock ». En effet, dans ce livre on y suit le destin de deux amis d’enfance qui, après avoir gradué tous les deux en juin 1969 et promis à un brillant avenir académique, s’offrent en cette « Ère du verseau » une dernière longue fin de semaine estivales d’hédonisme avant de passer aux choses sérieuses et de « rentrer dans le rang » pour préparer tous les deux leur avenir et combler les espoirs que leurs parents ont mis en eux. Le premier, Bryan, est destiné à une brillante profession d’avocat grâce à laquelle il compte faire fortune en travaillant pour de grosses corporation et vivre la « vie parfaite » avec une épouse formidable et (elle aussi) parfaite avec laquelle ils élèveront des enfants eux aussi tout à fait formidables et (oui, évidemment eux aussi) parfaits. Son ami, Jack, se destine de son côté à une carrière de mathématicien et d’informaticien qui va tout à fait révolutionner le monde et lui permettre en même temps d’amasser une fortune mirifique. Bryan est même convaincu que les deux hommes s’achèteront des châteaux voisins et qu’ils passeront toute leur vie ensemble avec leurs « familles parfaites » sur le bord de l’océan.
Mais voilà que tout dérape pendant la fameuse « fin de semaine de paix et d’amour » quand Jack rencontre une jeune femme surnommée Astra qui l’initiera à un nouveau mode de vie alternatif et à la contreculture. C’est le coup de foudre pour le jeune homme et son authentique « chemin de Damas ». Si bien qu’à la fin du festival, Jack annonce à un Bryan tout à fait estomaqué et incrédule qu’il a décidé de ne pas entrer à l’université la semaine suivante et de rejoindre plutôt Astra pour vivre avec elle dans la petite ville de Woodstock (située à une centaine de milles de là) et pour adopter un nouveau mode de vie qui l’inspire et auquel il adhère entièrement avec sa parfaite alter ego.
« After Woodstock » n’est absolument pas un récit ou un xième compte rendu sur ce fameux festival légendaire. Woodstock agit plutôt comme point de départ de ce roman dans lequel nous suivons les destins antinomiques de ces deux amis d’enfance à travers les pensées contradictoires de Bryan (qui est en fait le narrateur de l’histoire), mais aussi les lettres que Jack lui a fait parvenir sporadiquement et de façon aléatoire tout au long de leur vies. Un récit réflectif sur des philosophies et des modes de vies antithétiques auxquels le lecteur est confronté et qu’il fait bon de méditer.
*****